L’horreur a frappé à Nice, dans la nuit du 14 juillet. Un soir de fête qui a tourné au drame. Près de 80 personnes décédées et plusieurs dizaines de blessés. Une solidarité internationale a été exprimée.
Du côté tunisien, les réseaux sociaux se sont enflammés à l’annonce de la catastrophe. Les officiels ont pris position dès le lendemain du drame et les avis quoique convergents ont concordé autour d’une empathie transcendante.
Il faut dire que les Tunisiens sont concernés à plus d’un égard. La terreur qu’a connue la France hier nous l’avions connue. La bêtise humaine nous avait été mortelle aussi lorsque le fanatisme religieux s’est muté en bête immonde et tueuse. Nous avons connu, ici, les affres de l’extrémisme.
Nous en souffrons, en latence, en étant presque prêts, continuellement, à accueillir les mauvaises nouvelles qui en résultent (de manière professionnelle pour ceux qui travaillent dans la sécurité, dans le domaine de la santé ou même dans le traitement de l’information).
Nous espérons tout aussi continuellement que cela ne se reproduise plus alors qu’une partie de nous-mêmes nous dit que cela ne cessera pas de sitôt. Pas tant que nous n’aurions traité que les symptômes et géré que le préventif.
Point de salut, foncièrement, tant que nous sommes dans la réaction et non dans l’action. Et le « nous » n’est cette fois pas que tunisien. Il est international.
L’hydre tueuse s’est étendue à travers les continents. Elle est omniprésente, partout, et se manifeste à chaque fois qu’une faille se dresse. Et les failles sont sans nombre; en attestent le changement de mode opératoire faisant utiliser bombes, armes à feu, camion… Le tout pour accomplir une mission dictée par une folie meurtrière autour d’un « certain » zèle.
Tant que Dieu n’a pas raisonné ses fous, l’homme peut-il agir? Il ne s’agit en effet plus de gérer à des échelles nationales le terrorisme et ses potentielles attaques, il ne s’agit plus de mettre des plans de protection, de leur donner des noms sophistiqués, de protéger ses frontières, d’installer des portiques de sécurité… Le terrorisme a une étendue virtuelle à l’échelle de la sphère virtuelle de son champ d’endoctrinement. Il est partout et n’a ni visage typique, ni couleur de peau, ni langue unique, ni origine.
Oui, lorsque les informations relatives à l’identité du tueur ont commencé à circuler, j’ai parcouru articles et dépêches du regard en espérant que le mot « Tunisien » n’y soit pas. J’avoue avoir espéré que mon pays évite les amalgames, que son nom cesse d’être mêlé à l’horreur que la majorité de mes compatriotes refusent. J’avoue avoir espéré voir une toute autre nationalité à la place du fatidique « tunisien ».
La quête d’identification et d’appartenance a amené les plus paumés à ne se reconnaitre qu’en cette origine pseudo musulmane extrême, à vivre dans des pays dont ils renient les valeurs de tolérance et de fraternité et à instrumentaliser la liberté au profit de leurs desseins mortels.
Des sociologues devront se pencher sur cette question pour envisager un salut pour les descendants à venir de générations frustrées.
Car l’extrémisme se pratique à l’échelle familiale, s’entretient dans des lieux de culte, se développe sur les réseaux sociaux et s’inculque dès le jeune âge, un peu comme les maladies contagieuses dont les germes touchent le corps mais ne se manifestent qu’après coup.
Le terrorisme est devenu soluble dans l’air; il n’a pas de nationalité. Ses victimes, non plus.
Au nom du tragiquement vrai « ça n’arrive pas qu’aux autres », le massacre d’hier est un coup porté à l’humanité entière. Car derrière chaque mort, une histoire, une famille, des parents, des maris, des épouses, des enfants, des cousins, des amis, des collègues, des voisins, et des souvenirs entachés d’un sang innocent qui a coulé au nom d’une folie meurtrière prenant Dieu pour alibi.
L’heure est à la solidarité, oui, mais l’heure est aussi à l’union des forces pour combattre une gangrène devenue mondiale. Notre méfiance les uns des autres ne servira qu’à nous isoler tous et à nous rendre plus vulnérables en raison de la mobilité des personnes et des idées.
Les amalgames n’ont généré que l’exclusion (ou le sentiment d’en être victime, des fois), l’exclusion a généré la frustration et la frustration a généré l’horreur.
Il nous faut changer pour que se rompe le cercle vicieux. Il nous faut changer de réactions, changer celles-ci en actions internationales et faire de la solidarité virtuelle de nos peuples, des plus éclairés de nos peuples, une arme contre une bêtise dont le champ d’influence n’est pas défini géographiquement. Il nous faut tous, et ensemble, combattre cette bêtise sans foi que les lois les plus sévères ne pourront, seules, annihiler.
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