Lorsque l’urbain se charge de couleurs, lorsque son stress est suppléé par l’euphorie, lorsque le bruit des klaxons laisse place à des notes de musique, vous entrez dans le monde déconcertant de La La Land*.
Un drôle d’univers qui s’appose à celui quotidien et lui oppose une perception autre des choses et de leur déroulement. Le monde devient rêvé mais aussi réfléchi, le focus large et reflet centré sur l’intérieur des êtres aussi. Des personnages dansant, chantant, aux sentiments emphatiques, au ressenti amplifié.
Dans ce monde frôlant l’onirique, deux individus se croisent, une fois, deux fois, trois fois puis cessent de se croiser pour se voir, non plus par le hasard qui fait bien ( ou mal) les choses mais par la force d’un sentiment aussi fort qu’envahissant.
Ces deux êtres que le destin met face à face sont la quintessence de deux passions: l’une est, de cinéma, faite et l’autre de jazz animée. Elle, passe des castings à profusion et rêve d’intégrer le monde fascinant du cinéma. Lui, rêve de jazz dans un monde où les goûts « évoluent » vers des sonorités autres.
La La Land est la promiscuité de ces deux rêves si clairs mais au traçage si imperceptible. Un monde chatoyant et mélodieux où l’on vit comme dans une comédie musicale, où l’on chante et danse au rythme de l’envie et des sentiments.
Ce film est l’histoire d’une rencontre mais aussi celle d’une rupture de trajets. Une séparation assumée pour que vivent les rêves de chacun et deux vies qui se distancient pour que chaque parcours atteigne sa plénitude.
Dans La La Land, nulle place aux concessions, aux demies mesures. Le rêve est sur écran et au fond des coeurs de personnages modernes et épiques à la fois, déterminés à aller jusqu’au bout de leurs projets.
Un film leçon de cinéma et leçon de vie et de survie en temps de morosité, un film où la mise en abyme retrace les différentes manières de faire du cinéma, cet art qui transporte hors du temps et hors de l’espace commun. Un film de l’hors champs, dépeignant le for intérieur et le touchant, où l’on a du mal à rentrer et dont on a du mal à sortir. La La Land, étrange et pénétrant!
* Sorti cette semaine en Tunisie, La La Land, deuxième film de Damien Chazelle, n’en finit pas, depuis l’ouverture de la Mostra de Venise en septembre, de recueillir les avis élogieux. Une série de Prix aux Golden Globes 2017 ( Meilleure comédie, meilleur scénario, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice, meilleures musique et chanson originale), 7 récompenses donc pour 7 nominations, un record historique pour ce film aux allures de « comédie musicale » nominé pour 14 catégories aux Oscars.
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