Ils sont près de 3000 personnes à s’affairer régulièrement autour du président de la République Béji Caïd Essebsi. 2500 font partie de la sécurité présidentielle. 200 occupent des postes administratifs et 20 ont un rôle – clé dans le cabinet de celui qu’on a élu, depuis quelques mois, président de la République.
C’est derrière son bureau situé dans une bâtisse mitoyenne au Palais présidentiel que nous a accueillis Moez Sinaoui, porte-parole de la présidence de la République. La quarantaine ou presque, l’homme qui nous reçoit est un des plus influents de Tunisie. La nature de son poste, sa proximité avec le président de la République et sa relation avec la plupart des médias tunisiens font de lui le Monsieur com’, le plus influent du tout Tunis. Toutefois Moez Sinaoui nous parlera très peu de sa personne. C’est de Béji Caïd Essebsi qu’il préfère parler, incontestablement. C’est le cas de nombre de ses collègues au service communication et au cabinet présidentiel.
Ce président qu’on nous décrit comme un modèle d’écoute et un exemple en matière de travail en solitaire travaille au milieu de collaborateurs proches issus, essentiellement, de son parti Nidaa Tounès. C’est la loyauté envers l’ancien candidat devenu président qui aura permis aux collaborateurs de la veille de continuer à accompagner, régulièrement, celui qui est devenu, depuis le 22 décembre 2014, président de la République.
Béji Caïd Essebsi s’est aussi entouré d’experts qui le conseillent, chacun dans son domaine de spécialité et d’une manière plus ou moins régulière, pour les affaires d’ordre juridique, diplomatique ou militaire. Celui qui « écoute, par ailleurs, tout le monde » a, tout de même, son cercle proche. Proches collaborateurs, conseillers, amis du soir. Ils sont nombreux à connaître le président de prés, à l’écouter, à le conseiller, à échanger avec lui officiellement et officieusement. Qui sont ces hommes et ces femmes du président ?
Premier cercle – Technicité et dossiers spécifiques :
Deux hommes et deux femmes conseillent BCE pour les dossiers spécifiques. Une parité totale, en somme, pour celui qui avait été élue par un million de femmes. Le président de la République est conseillé quand il s’agit de dossiers rattachés à la sécurité, à la diplomatie ou aux problématiques d’ordre juridique. Ils sont quatre à remplir ces missions occasionnelles et spécifiques à la fois. Ils travaillent tous autour d’un directeur de cabinet au rang de ministre imposant et rigoureux, Ridha Belhaj.
Ridha Belhaj
Il est ministre – directeur du cabinet du président de la République. Son entourage le décrit comme un homme infatigable, par ailleurs, avec une « énergie de folie » et un rythme de travail que, seul lui, arrive à suivre. Sa caractéristique selon ses compagnons de route: la fidélité. A Nidaa dont il était le directeur exécutif. Et, désormais, à BCE dont il est le bras droit. Celui qu’on dit être l’homme des dossiers difficiles, est consulté et écouté tous les jours par le président de la République. Une proximité reposant sur des collaborations par le passé. M.Belhaj était en effet secrétaire général du gouvernement dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi en 2011, puis ministre délégué auprès du Premier ministre. Ridha Belhaj est avocat de formation, une profession – passion qu’il partage avec le président de la République.
Et les autres :
Khemaïs Jhinaoui :
Il occupe le poste de conseiller diplomatique au cabinet du président de la République. Béji Caid Essebsi l’écoute dans les affaires en rapport avec les Relation internationales.
M.Jhinaoui est un avocat et un ancien ambassadeur (Russie et Royaume Uni). Il avait par ailleurs été secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement que Béji Caïd Essebsi avait dirigé en 2011. Alors que la Tunisie a de plus en plus besoin d’avoir des relations harmonieuses avec les pays voisins et amis et que le contexte politique libyen et arabe d’une manière générale n’est pas au beau fixe, conseiller diplomatique est une fonction utile pour mettre à plat les tensions et orienter dans le bon sens la politique étrangère du pays.
Kamel Akrout :
Il est le premier conseiller à la Présidence de la République, chargé de l’Organisation et du suivi des conseils supérieurs. C’est un ancien contre-amiral à la Marine nationale, attaché militaire auprès de l’ambassade de Tunisie à Abu Dhabi et ancien directeur général de la sécurité militaire. Dans cette Tunisie où le volet militaire est de premier ordre, M.Akrout, homme discret qu’on voit peu, est celui que Béji Caïd Essebsi, chef suprême des forces armées, écoute.
Raoudha Mechichi :
Elle est conseillère juridique de la Présidence de la République.
Juriste de formation, elle est l’ancienne présidente de la chambre contentieuse d’appel au Tribunal Administratif de Tunisie. Celle qu’on décrit comme une femme rigoureuse et stricte est, occasionnellement, écoutée par le président de la République et remplace Ridha Belhaj lorsque celui-ci est absent. On la voit peu dans les médias, mais on la croisera dans les couloirs de la présidence, le regard sévère et la mine stricte.
Saïda Garrach :
Elle est conseillère auprès du président de la République chargée de la relation avec la société civile et des dossiers sociaux. Mme Garrach est une avocate dont le nom rime, en Tunisie, avec cause féminine. Membre du bureau exécutif de Nidaa tounès, elle bénéfice d’une grande confiance de la part du président, d’après l’entourage « présidentiel ». Alors que la transition s’avère difficile et que la société civile devient, en Tunisie, un pion fort de la scène politique, Saïda Garrach a un rôle important pour rapprocher autorité et société civile et dissiper les tensions sous fond de demandes insatisfaites qui pourraient exister entre les deux parties. Le dossier qu’elle a en charge, elle le gère en collaboration avec son « homologue » au gouvernement, Kamel Jendoubi, ministre chargé des relations avec les institutions constitutionnelles et la société civile.
Une équipe jeune :
Celui à qui on reproche l’âge avancé s’est choisi des coéquipiers proches assez jeunes. Trois personnes occupent les devants de la scène, tout en s’affichant très peu. « Notre maître mot c’est discrétion et profil bas et notre but commun est la réussite de la mission du président de la République », nous déclare un membre de l’équipe de Béji Caïd Essebsi. Ils s’y affairent tous, au quotidien, à un rythme pouvant avoisiner les 14 heures par jour nous révèle-t-on. Tout est étudié, préparé et réfléchi mais exécuté à la manière du chef, c’est à dire dans la spontanéité et l’improvisation.
Selim Azzabi :
Le numéro 2 de la campagne présidentielle de Béji Caïd Essebsi (après Mohsen Marzouk) occupe, depuis l’élection de son mentor, le poste de premier conseiller en charge du Secrétariat général de la Présidence de la République. Des anciens de Nidaa tounès, c’est celui que Béji Caïd Essebsi voit le plus. On le décrit comme un travailleur hors pair faisant du 14 heures de travail par jour. Un jeune dynamique et réservé en qui le président et son entourage auraient entière confiance. La parenté par alliance avec la famille du président y serait pour beaucoup, selon certains détracteurs. Quoiqu’il en soit Selim Azzabi est celui qu’on voit partout aux côtés du président. Il est diplômé de l’Université de Toulouse en Monnaie et Finance et de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris (ESCP) où il a suivi le Programme des Cadres Dirigeants en Stratégie et Finance. En 2004, Selim Azzabi a fondé un cabinet de conseil en finances à Tunis.
Firas Guefrech :
Ce trentenaire est conseiller auprès du président de la République chargé du système d’information et de la documentation. Il était le responsable image de Béji Caïd Essebsi lors de la campagne présidentielle et connaît donc de très prés celui qui est devenu, malgré les critiques relatives à son âge, le président tunisien. Sa relation avec son chef est affective et pragmatique à la fois, apprend-on de personnes proches des deux hommes. Un choix basé sur la préférence du modèle moderniste à celui islamiste et une fidélité basée sur une sympathie certaine pour celui qui avait été le candidat laïc par opposition à Ennahdha. Firas Guefrech est un médecin mordu de politique. Il serait, à entendre ses anciens acolytes de Nidaa tounès, « conseiller en tout ». Communication, politique, recherche… c’est le conseiller polyvalent, d’après nos sources.
Moez Sinaoui :
Allure élancée et crâne rasé, Moez Sinaoui est celui que les anciens compagnons de Nidaa tounès encore autour de BCE apprécient peu car seul élément étranger au parti. Le porte-parole officiel de la présidence de la République est, en effet, un des rares collaborateurs directs du président à n’avoir pas appartenu au parti au pouvoir. En revanche, Moez Sinaoui avait été aux côtés de Béji Caïd Essebsi lors de son passage par la Kasbah en 2012. Il avait dirigé les services de presse du gouvernement de mars à décembre 2011 puis a pris en charge la direction de la communication de l’Union pour la Méditerranée (Upm) à Barcelone. L’avocat de formation et diplomate de carrière est assisté dans sa tâche au palais de Carthage par Aïda Klibi, ex-directrice du service de presse de Nidaa tounès. Un tandem assurant, en plus d’autres collaborateurs, la communication digitale et officielle de la présidence de la République. Moez Sinaoui est celui qui lit l’actualité étrangère et tunisienne et en rapporte l’essentiel à Béji Caïd Essebsi. Il pense les événements majeurs et les répliques – clés du président de la République. Il prépare ses sorties et réfléchit à ses discours. Dernier événement en date, la fête de la Femme dont Moez Sinaoui est le maître d’ouvrage. Un 13 août fêté d’une manière nouvelle, dans les jardins du Palais, jusque-là inexploités pour de telles occasions. L’événement avait rassemblé 1000 femmes issues de milieux professionnels différents. Un événement voulu symbolique comme le sera la fête de l’arbre que la Tunisie fête le 9 novembre de chaque année et que Moez Sinaoui prépare déjà, à sa manière.
Deuxième cercle – Figures politiques et partisanes :
Béji Caïd Essebsi voit plus ses ennemis que ses amis, nous déclarent des membres du staff présidentiel. Le président de la République rencontre souvent ceux qui travaillent comme lui à la « direction » du pays. Il voit également ses adversaires politiques de la veille et ceux qu’on perçoit déjà comme ses potentiels successeurs au pouvoir. Topo.
Politique par excellence :
Collaborateurs réguliers, les trois présidents mènent ensemble l’embarcation. Ils se voient souvent et se concertent pour les décisions délicates. Essid, Ennaceur et Béji Caïd Essebsi sont les trois personnalités à la tête des trois têtes de l’Etat. Présidence de la République, gouvernement et assemblée de Représentants du peuple sont gérées, de manières séparés certes, mais sans relation conflictuelle. Essid et Ennaceur connaissent Béji Caïd Esebsi depuis Nidaa Tounès ou ont déjà travaillé avec lui dans le cadre du gouvernement qu’il avait dirigé. Aux côtés d’eux une figure hétéroclite : Rached Ghannouchi, leader islamiste et chef de son parti Ennahdha, parti diamétralement opposé à celui de Béji Caïd Essebsi. Mais ça c’était pendant la campagne. L’issue après les élections aura été toute autre. N’en déplaise à des électeurs désabusés par une proximité dérangeante entre les meilleurs ennemis de la veille.
Habib Essid :
Le chef du gouvernement est celui que le président de la République voit le plus, à en croire l’entourage des deux hommes. Le locataire de la Kasbah n’est pas inconnu à Béji Caïd Essebsi. Les deux avaient travaillé ensemble en 2011. L’un était alors chef de gouvernement et l’autre, ministre de l’Intérieur. Un portefeuille délicat à une période délicate de transition. Une mission accomplie d’une manière satisfaisante aux yeux de l’actuel président et c’est un poste des plus importants que le spécialiste en agriculture obtient en prime. Celui qui a occupé, de 2004 à 2010, le poste de directeur exécutif du Conseil oléicole international à Madrid a, quand des missions importantes lui ont été attribuées, abordé plus ou moins surement une carrière politique qui l’a amené vers le sommet de l’Etat. Habib Essid aurait été choisi par Béji Caïd Essebsi lui-même pour ses qualités de discrétion et d’écoute. Quoique chacun opère désormais dans un champ ne dépendant pas de celui de l’autre, celui qui dirige le gouvernement et celui qui préside la République travaillent conjointement sur plusieurs dossiers, se voient régulièrement et se concertent pour les décisions importantes. L’harmonie caractérisant leur relation est à l’opposé de la relation chef de gouvernement/ président de la république ayant prévalu à l’époque de Hamadi Jebali.
Mohamed Ennaceur :
Mohamed Ennaceur est le président de l’Assemblée des représentants du Peuple. Il est féru de musique classique et avait été l’initiateur du festival d’El Jem. Il avait été ministre des Affaires sociales à deux reprises à l’époque de Bourguiba car il était le plus spécialisé à l’époque dans le domaine en question. Il a occupé le même poste, de nouveau et à deux reprises également, dans les gouvernements ayant fait suite à la révolution de 2011 dont celui présidé par Béji Caïd Essebsi. M.Ennaceur est celui qui a succédé à l’actuel président de la République à la tête de Nidaa tounès. Points communs avec l’actuel président, l’âge et la diversité de l’expérience politique. Les deux hommes à la tête du pouvoir législatif et celui exécutif s’écoutent et se concertent. Le pays ne serait de ce fait pas et malgré la séparation des pouvoirs mené par trois forces différentes mais par une concordance des trois présidences.
Rached Ghannouchi :
Le chef du parti Ennahdha est une des personnes que le président de la République voit le plus, révèle le staff du président. Conservatisme et modernisme politiques font bon ménage dans cette Tunisie d’après – transition. Les élections de 2011 avaient ramené les islamistes au pouvoir. Celles de 2014 les en a écartés. Toutefois, le parti Nidaa a opté pour une cohabitation choisie en travaillant avec le parti islamiste. « A chaque fois qu’il le demande, Rached Ghannouchi » est accueilli par le président de la République », nous révèle-on. C’est que Béji Caïd Essebsi reçoit plus ses ennemis que ses amis, ajoute notre interlocuteur. La relation avec le leader islamiste est loin d’être conflictuelle. Ennahdha a choisi une position de modération reposant sur une attitude consensuelle concernant les dossiers difficiles. Le parti veut faire peau neuve et a de moins en moins d’ennemis déclarés. S’ouvrant à ses adversaires et ne se précipitant pas vers le pouvoir, le chef islamiste faisant figure de père du mouvement et de guide des adeptes semble vouloir incarner ouverture et modération. Béji Caïd Essebsi semble l’avoir accepté et Rached Ghannouchi semble avoir accepté de changer pour ne plus être l’anti – héros mais l’autre héros.
Partisans par essence :
Hommes politiques de la scène actuelle et probablement à venir. Appréciés, contestés ou reconnus. Ils sont proches de Béji Caïd Essebsi et l’information ne relève ni de la spéculation ni de déductions quelconques. Le président de la République les rencontre souvent, selon son service de communication. Concordance d’idées et autour de projets, liens plus forts que l’appartenance partisane et reconnaissance pour le parcours et pour l’expérience. Ils ont un statut spécial et font partie du cercle du président de la république.
Mohsen Marzouk :
L’actuel secrétaire général de Nidaa est passé brièvement par la case Carthage après l’élection de celui dont il a dirigé la campagne. L’ancien conseiller politique du président de la République continue à voir régulièrement Béji Caïd Essebsi, nous informe le service communication du Palais de Carthage. « Béji Caïd Essebsi voit M.Marzouk comme son fils spirituel », nous précise-t-on. Mohsen Marzouk est, en effet, perçu comme un des hommes politiques « les plus présidentiables ». S’il y avait des élections primaires, il serait, selon de nombreux observateurs, un des principaux candidats. Encore faut-il qu’il réussisse sa mission à la tête de Nidaa tounès… Malgré sa position partisane, M.Marzouk n’a pas cessé d’occuper la scène officielle. Sa présence lors du voyage aux Etats-Unis aux côtés du président de la République et le fait qu’il ait signé alors un mémorandum d’entente avec le pays hôte n’était pas passé inaperçu. Mohsen Marzouk est « l’homme de la prochaine étape » déclarent certains Nidaïstes. Béji Caïd Essebsi père symbolique du mouvement Nidaa en est conscient. Le potentiel candidat bénéficie régulièrement de son attention et de sa sympathie, n’en déplaise aux détracteurs !
Hafedh Caïd Essebsi :
Le vice-président de Nidaa tounès n’est autre que le fils du président de la République. Il fait partie de ceux que celui-ci rencontre donc très souvent, selon les responsables de la communication de la présidence de la République. Le fils Caïd Essebsi n’en finit pourtant pas de déranger publiquement et au sein de son parti. A Nidaa, la guerre des clans a toujours fait de lui le vilain petit canard. Des ambitions basées sur l’appartenance familiale cela dérange. Hafedh Caïd Essebsi a donc son propre clan à Nidaa mais aussi de vrais détracteurs. Publiquement, le fils Caïd Essebsi dérange dans cette Tunisie où les clans familiaux et les abus qui en découlaient ont fait des ravages incommensurables. Hafedh Caïed Essebsi ne manque pourtant pas d’être au centre de polémiques en relation avec son activité en inadéquation avec son statut. Celui qui n’a aucun poste officiel a pourtant rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara et a été reçu plus récemment par le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères espagnol. A Nidaa on y lit la force du parti au pouvoir. Ailleurs, on y perçoit un mélange de casquettes pouvant amener vers des dérives déjà connues.
Mustapha Ben Ahmed :
Le nom a été évoqué avec insistance par l’équipe com’ de la présidence de la République. Le député de Nidaa tounès au sein de l’Assemblée des représentants du Peuple serait un proche de Béji Caïd Essebsi. Le syndicaliste de renom serait un proche du président et les deux hommes se rencontreraient souvent. Pourtant Mustapha Ben Ahmed faisait partie de ceux qui préféraient qu’Ennahdha soit écartée du gouvernement actuel pour que la volonté des électeurs du parti soit respectée. Il n’aurait pas été écouté. Quant au polémique projet de loi de la réconciliation, le député nidaïste est favorable à l’oubli et au pardon à l’égard de ceux ayant collaboré avec le régime Ben Ali et s’en étant enrichis.
Portefeuilles sensibles :
Ils sont ministres. Ils font partie du gouvernement Essid. Ils faisaient partie de Nidaa tounès et Béji Caïd Essebsi était leur cheval de course. Ils ont des portefeuilles sensibles et les portefeuilles qu’ils gèrent, le président de la République s’enquiert au quotidien.
Saïd Aïdi :
L’actuel ministre de la Santé est un membre de Nidaa tounes. Il était ministre de la Formation professionnelle dans le gouvernement de Béji Caïd Essebsi (et celui de Mohamed Ghannouchi dans le gouvernement d’Union nationale). Saïd Aïdi est un ancien de Polytechnique France. Il était directeur général en France d’une entreprise spécialisée dans l’édition de logiciels pour les zones Moyen-Orient et Afrique. Il avait été élu à l’Assemblée des Représentants du peuple avant d’être désigné pour un poste ministériel. Au sein de Nidaa tounès, Saïd Aïdi est un politicien soutenu par les siens ou du moins par une frange d’entre eux. On lui veut une carrière importante et la communication faite dans ce sens fait de lui une des figures importantes par son action sur la scène politique actuelle. Visites de terrain régulières, actions nombreuses visant la réforme et la reconstruction… Saïd Aïdi a l’image d’un ministre actif malgré les critiques nombreuses visant d’autres ministres. Saïd Aïdi est une des figures d’avenir de Nidaa tounès. Il est voulu comme tel.
Slim Chaker :
L’actuel ministre des Finances avait occupé le poste de ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement Béji Caïd Essebsi auparavant. Ingénieur en statistiques, il était directeur coordonnateur du Fonds d’accès aux marchés extérieurs et consultant international concernant le Programme européen pour la promotion des exportations en Jordanie. Il avait occupé le poste de secrétaire d’État chargé du Tourisme dans le gouvernement d’Union nationale. Et devient dès la fin de sa mission ministérielle chargé des programmes économiques et sociaux au sein de Nidaa. Le rôle de Slim Chaker et du ministère à la tête duquel il est est capital, dans cette Tunisie dont l’économie vacille. Renflouer les caisses, prendre les mesures nécessaires même celles douloureuses, instaurer une certaine austérité sans que cela n’impacte sur l’image du parti au pouvoir et sur sa manière de gérer le pays. Slim Chaker est un pion important dans la gestion actuelle et dans la cartographie à venir de Nidaa et ses potentiels dérivés.
Salma Elloumi :
Elle est la ministre du Tourisme à une période où le tourisme pâtit plus que jamais des derniers événements l’ayant frappé de plein fouet. Son rôle pour tenter de réanimer ce secteur vital est primordial. L’image de la Tunisie à l’étranger en résulte également. Salma Elloumi est proche de Béji Caïd Essebsi car issue de Nidaa. Membre exécutif de Nidaa tounès et candidate aux législatives, elle avait été élue députée à l’Assemblée des Représentants du Peuple avant d’intégrer le gouvernement Essid. Salma Elloumi est épaulée dans sa tâche difficile par de nombreux acteurs importants du secteur. Des actions sont menées régulièrement pour corriger les séquelles que le terrorisme a infligées au tourisme tunisien. Le secteur dont la main d’œuvre est importante et les revenus en baisse significative est à soutenir. La présidence de la République s’y intéresse de très près. Salma Elloumi qui tenait les finances de Nidaa avait la confiance de Béji Caïd Essebsi. Sa mission délicate l’a beaucoup rapprochée de l’actuel président qui, rappelons-le, avait été, pour une période courte, ministre du Tourisme, à son tour, mais à une époque moins tumultueuse.
Troisième cercle – Les inconnus de la République :
Ils sont autour du président de la République mais n’ont pas de statut officiel particulier hormis une proximité quasi affective avec Béji Caïd Essebsi. De la période où il était en dehors du circuit politique, celui qui est devenu président de la République n’a gardé que très peu de relations. Férid Memmich en fait partie. L’intellectuel et ancien destourien qui avait été conseiller principal auprès du président de la République Foued Mebazaâ, vient d’ d être nommé représentant de la Tunisie à l’Organisation internationale de la francophonie. Toutefois Béji Caïd Essebsi voit de moins en moins ses amis proches, faute de temps probablement, de disponibilité aussi. Rachid Ferchiou, Docteur Moncef Mzabi et autres compagnons de longue date ne le voient plus que trop peu. Béji Caïd Essebsi a un planning partagé entre son rôle à la tête de l’Etat et sa vie de famille qu’il tient, selon nos sources, à préserver. Son frère Slah Caïd Essebsi, son épouse, ses deux filles, le président de la République les garde auprès de lui comme pour garder un certain équilibre utile pour leurs qualités d’écoute, de conseil et de légèreté.
Rafâa Ben Achour :
Homme politique et juriste, Rafaâ Ben Achour était ministre délégué auprès du premier ministre dans le cadre du gouvernement Caïd Essebsi. Deux qualités ont donc fait que M.Ben Achour ait été dans l’équipe présidentielle en tant que conseiller auprès du président de la République. Toutefois, Rafaâ Ben Achour a démissionné de son poste auprès de Béji Caïd Essebsi en avril 2015. Pour cause, l’incompatibilité de sa fonction au sein de la présidence de la République avec son poste de juge au tribunal africain des droits de l’Homme. L’ancien de Nidaa tounès n’en demeure pas moins proche de Béji Caïd Essebsi, faisant partie de ses privilégiés.
Foued Mebazaâ :
Homme d’Etat tunisien, Foued Mebazaâ a été le président de la République par intérim après le départ de Ben Ali. C’est que M.Mebazaâ présidait la Chambre des députés depuis 1997. C’est donc dans ce contexte que les deux avocats ont fait leur retour aux devants de la scène politique et dans des postes de décision. Le président de la République provisoire et le premier ministre de l’époque, en l’occurrence les amis Mebazaâ et Caïd Essebsi ont travaillé ensemble à une période délicate car transitoire et ayant abouti aux premières élections libres en Tunisie. La relation entre les deux hommes est plus amicale que protocolaire. Une relation de date et des affinités que décrivent les proches des deux hommes politiques.
Ensemble à paris même formation politique et mm ambition la libération.
Mohamed Moez Belkhodja :
(4ème à droite en partant de BCE)
Il est très peu connu en Tunisie et pourtant il ne rate presque pas une sortie, un voyage, un déplacement du président de la République, son patient et son beau-père. Moez Blekhodja est cardiologue et est le médecin de Béji Caïd Essebsi à la santé duquel il vieille au quotidien et dans la proximité. Sa présence a été remarquée lors des voyages de Béji Caïd Essebsi aux Etats-Unis et en France, mais aussi lors des visites surprises effectuées en Tunisie. Pourtant très peu mettent une identité sur le visage. En marge de la communication officielle, Docteur Belkhodja, gendre de Béji Caïd Essebsi est celui qu’on voit sans le connaître. A Béji Caïd Essebsi on reproche son âge avancé et un état de santé détérioré, s’afficher donc avec un médecin à ses côtés régulièrement pourrait être négatif. Dans une Tunisie ayant souffert de l’intrusion du familial dans le politique à travers Ben Ali et sa famille, le gendre Caïd Essebsi est celui qui est utile mais discret. Pour des raisons que tous savent et voudraient ne plus connaître.
C’est entouré d’une équipe de collaborateurs relativement jeunes que Béji Caïd Essebsi s’est avancé vers un poste auquel nombreux sont ceux qui ne le voyaient pas. Entouré d’une équipe plus restreinte mais aux prérogatives plus ciblées, l’actuel président tunisien entend mener à bien une mission délicate. La Tunisie d’après – révolution est, en effet, plus difficile à diriger et les Tunisiens plus difficiles à gérer. Les problématiques sont aussi différentes et l’approche pour les traiter délicate. Dossiers internes, problèmes régionaux, situation internationale particulière, autant de domaines où il faut s’entourer, écouter pour agir.
Du profil des différents hommes du président, trois tendances générales se profilent : Béji Caïd Essebsi a, d’une manière synthétique, des collaborateurs issus de l’avocatie, sa profession, sa vocation et sa formation à lui aussi. Il a des collaborateurs qui ont travaillé avec lui à l’époque transitoire lors de laquelle il avait occupé le poste de Premier ministre. Plusieurs de ses collaborateurs ont travaillé avec lui au succès de Nidaa tounès, à travers sa propre personne, lui le candidat d’un parti créé dans l’urgence pour contrer l’islamisme avec qui il a choisi, ensuite, de cohabiter. Des autres, Béji Caïd Essebsi n’a gardé que l’essentiel. Plus le temps pour les rencontres de courtoisie et pour les amitiés de la veille. Moins de monde autour de Béji Caïd Essebsi. Mais que du professionnel et du familial, en somme. Une équipe dynamique ayant un point commun : lui-même à une étape du parcours de chacun et une fidélité déjà mise à l’épreuve. Pas le temps pour les surprises car pas de temps pour les remaniements pour celui qui tente de garder intact son capital sympathie.
Ses compagnons de jour le décrivent comme un électron libre que la communication officielle a du mal à encadrer. Ses visiteurs du soir sont inconnus des services spécialisés, son agenda, ses communications téléphoniques… Béji Caïd Essebsi tient à garder la main dessus. Fort d’une longue expérience en politique, celui qu’on qualifie de renard politique est ce virtuose que le plus habile des chefs d’orchestre peinerait à encadrer. Un travail laborieux attend régulièrement une équipe décidée à donner le meilleur pour un président ingérable dans une Tunisie difficile à gérer.