Plus que quelques minutes pour aller aux urnes et faire un choix entre 27 candidats dont 4 sont seulement présents sur le papier. En ce dimanche 23 novembre 2014, la Tunisie vit au rythme de l’élection présidentielle. Une date déterminante qui permettra de mettre un nom, en deux temps éventuellement, sur un poste visiblement très convoité : président de la République. Qu’en est-il de ce dimanche peu ordinaire ?
Il règne sur nos villes, aujourd’hui, une ambiance particulière. Pas aussi emprunte d’euphorie que l’a été, environ un mois plus tôt, le 26 octobre, jour des élections législatives. Pas aussi marquée d’enthousiasme comme on aurait imaginé qu’elle soit.
Dans les rues, les grandes affiches des présidents potentiels ont été suppléées par des marques en tout genre : yaourt, détergents et autres dérivés de poulets trônent, désormais, à la place des candidats qui s’affichaient à nos yeux d’électeurs sur des pancartes géantes.
L’ambiance est celle d’un dimanche habituel où chacun vaque à ses habitudes entre le café du quartier et le marché de la semaine. Ne peinera pourtant pas celui qui voudrait faire le tour des bureaux de vote comme l’ont fait de nombreux journalistes mobilisés, en ce jour de vote, pour le travail de terrain. Dans chaque quartier aux alentours duquel se trouve une école, un lycée ou un collège transformé pour l’occasion en bureau de vote, il apercevra un groupe, une famille, un parent accompagné de son enfant ou une personne âgée se rendant aux urnes.
Dans leurs véhicules quelques citoyens ont accroché des drapeaux de la Tunisie et de leurs voitures on entend le son de chansons patriotiques diffusées sur nos stations radio. Exhorter le citoyen à aller aux urnes, tel semble être le maître-mot pour nos confrères animateurs. L’encouragement prend la forme de témoignages de citoyens n’ayant pas pu voter pour une quelconque raison, d’autres ayant bravé les circonstances pour ne pas se priver de pareil devoir et d’appels insistants à participer d’une manière active à ce jour de scrutin.
Aux abords des établissements scolaires réquisitionnés pour le devoir citoyen l’ambiance est solennelle. Agents des forces de l’ordre veillent sur les bâtisses vers lesquels les électeurs affluent en nombres plus ou moins importants. Nos journalistes ayant fait le tour de certains centres de vote ont remarqué l’amabilité de certains militaires prenant même la pose devant nos appareils et de l’agressivité d’autres veillant à ce que personne ne se gare dans le périmètre proche d’un centre de vote. « Nous sommes ici depuis tôt le matin, debout, en plein soleil, soyez indulgents envers nous », nous lâche un agent.
Excuses acceptées, direction l’intérieur d’un centre de vote, celui de la cité Riadh Al Andalous, quartier résidentiel de la capitale. A 14 heures, les taux de participation avoisinaient la moitié et l’affluence des personnes âgées est bien plus importante que celle des jeunes, nous dit-on. « Nous faisons pareil qu’aux législatives », nous précise un responsable de centre de vote qui nous assure être enthousiaste pour le reste de la journée.
A l’école Al Wafa de Raoued, nous avons croisé deux responsables de l’IRIE qui nous ont évoqué une moyenne régionale tendant vers le bas en comparaison avec le scrutin passé. On nous relèvera aussi une infraction en relation avec un électeur ayant garé, juste devant le centre de vote, sa voiture où était accrochée la photo d’un candidat à la présidentielle. « Nous avons fait part de cela à l’ISIE », nous précisera-t-on.
A l’école Sahnoun de la Cité Al Ghazela, pas de files d’attente mais un afflux à rythme moyen, quasi-constant, et un nombre d’électeurs se situant aux alentours de la moyenne des inscrits. Pareil à l’école primaire Menzah 7 où on nous a justifié le nombre limité d’électeurs au centre, au moment de notre visite, par le fait que ça soit l’heure du déjeuner. On nous y indique une moyenne de 100 votants par tranche de deux heures.
Dans les différents bureaux de vote auxquels nous nous sommes rendus, il y avait peu ou pas d’observateurs. Nous verrons quelques-uns d’entre eux déjeuner sur un des pupitres posés anarchiquement dans la cour. Nous en croiserons d’autres en train de fumer et certains arrivant au loin avec un déjeuner à la main. « Tout se passe pour le mieux et il n’y a aucun débordement ni litige », nous rassurera-t-on.
Peu de candidats sont, par ailleurs, représentés par des observateurs veillant au bon déroulement du scrutin. Seulement quatre le sont au vu de notre tournée. On surveille, on se surveille, mais on sympathise aussi et c’est dans ce contexte que nous croiserons l’observateur de « Bajbouj » et celle de « Zakzouki » (comme ils se sont présentés) échanger dans une ambiance charmante.
En Tunisie aujourd’hui, l’enthousiasme ne plane pas dans l’air, mais le cœur y est pour ceux qui se sont rendus aux urnes. Enfants convoitant le mauve électoral, adultes cherchant la manière de s’en débarrasser, et une vie qui continue au rythme dominical habituel pour d’autres. Tous les yeux seront, en revanche, braqués, dès ce soir, sur les résultats de ce scrutin historique !
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